Philippe GAMBERT.


Le Saint-Michel II, réplique fidèle d'un voilier ayant appartenu au romancier, appareillera de Nantes le 24 mai. Cap sur Kiel, en Allemagne, où Jules Verne s'était rendu en bateau en 1881.

En 1881, la croisière de Jules Verne

Fin mai 1881, le Saint-Michel III appareille de Nantes. Cap vers Saint-Pétersbourg. À cause du mauvais temps, la croisière s'achèvera à Copenhague, après des escales en Prusse, en particulier à Wilhelmshaven, Bremerhaven et Kiel. Le bateau appartient à Jules Verne, l'écrivain (1828-1905) à succès.

Passionné par la mer, l'auteur des Voyages extraordinaires fait naviguer de nombreux navires dans les pages de ses romans. Ils sont parfois inspirés des bateaux qu'il a observés lors de ses nombreuses navigations. « J'ai besoin de rouler et de tanguer fortement pendant quelques semaines ! », aurait-il dit à son éditeur Hetzel.

Selon Philippe Valetoux, auteur de Jules Verne en mer et contre tous, en cette année 1881, le Saint-Michel III est armé le 24 mai et prend la mer le 28. Auparavant, au printemps, il a été en carénage à Paimboeuf.

Pour cette longue croisière, Jules Verne, qui vit alors à Amiens, est accompagné de son frère Paul, du fils de ce dernier, Gaston, et de son ami Robert Godefroy, avocat et conseiller municipal d'Amiens. Un équipage de professionnels de neuf hommes, dirigé par le capitaine Ollive, de Trentemoult, fait chauffer la machine et manoeuvre le bateau.

133 ans plus tard, une expédition nantaise

Contrairement à d'autres navigations dont on ne connaît pas les détails, ce voyage maritime a été raconté par Paul Verne dans le journal L'Union bretonne. Le texte sera même publié sous le titre De Rotterdam à Copenhague, à la fin du deuxième tome du roman La Jangada, huit cents lieues sur l'Amazone.

Le récit prend pour fil rouge un pilote anglais, au nom très vernien de Thomas Pearkop : venu pour une demi-journée, il a monnayé ses services 27 jours durant. Mais il permet aussi de vérifier le vif intérêt des Verne pour les cuirassés et les ports militaires, seulement quelques années après la guerre de 1870.

133 ans après Jules Verne, des Nantais s'apprêtent à s'élancer dans le sillage de son Saint-Michel III. « Nous allons suivre l'ancienne route de Jules Verne jusqu'à Kiel, qui sera le terme de notre expédition », explique Alain Doaré, le président de l'association La cale 2 l'île, qui a construit le sister-ship du Saint-Michel II, bateau précédent de Jules Verne, entre 2005 et 2011. La mer du Nord, Cherbourg, Douvres en Angleterre, la côte néerlandaise sont autant de points de passage, avant d'embouquer le fleuve Eider et le Kiel Canal pour parvenir sur la mer baltique.

Départ le 24 mai

Le départ symbolique de l'expédition nantaise aura lieu le 24 mai, à Nantes, quai des Antilles, mais le voilier larguera les amarres le 28 mai, du barrage d'Arzal.

L'équipée ne sera pas forcément une partie de plaisir. Le Saint-Michel II est en bois et ne fait que 13,27 m de long. Alors que le III avait une coque en fer à cinq cloisons étanches et mesurait 28 m de long. Tout dépendra des conditions climatiques, un peu comme en 1881.

Sauf que cette fois, le temps est compté. Le Saint-Michel II et son équipage (Daniel Croze, Michel Papin, Alain Doaré, Jean-Pierre Bourgeois, Patrick Le Gouadec et Hartwig Reiman) sont attendus le 14 juin à Kiel.